Monochrome Rose

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lundi 30 mars 2009

2 hémisphères, plusieurs dimensions, un tout

Le témoignage de Jill Bolte Taylor, chercheuse et neurologue,(1/2, visionner. 2/2, visionner) me relance sur  les questions que je me pose, depuis quelque temps déjà, au sujet du fonctionnement des 2 hémisphères cérébraux, de leur relation au mouvement et plus globalement au fonctionnement de l'individu au sein de notre société occidentale. La proprioception (sensation interne de soi et des relations des différentes parties du corps entre elles) et la kinesthésie (sensation du mouvement) seraient reliés à l'hémisphère droit,  ainsi que le seraient toutes nos perceptions sensorielles. Ceci "exploserait" en permanence comme un immense collage multi-dimensionnel en mouvement constant, dans lequel nous serions englobés. Cette sensation de globalité, de flux, d'être relié, existerait en soi, dans l'instant, sans connection linéaire aucune au passé ou au futur. 
L'autre hémisphère, le gauche, fonctionnerait de façon sérielle. c'est à dire qu'il organiserait les informations de façon linéaire avec une chronologie, une hiérarchie ou tout autre forme classification. Il serait actif dans l'élaboration du langage, la parole et l'écrit de façon séquentielle.  Il relierait chacune de nos expériences aux expériences passées ou à leurs projections possibles dans l'avenir. À travers cet hémisphère, nous serions distincts, séparés de notre environnement, individualisés. 
Ceci me ramène à ma question sur la porosité des frontières. Il se trouve que, dans la conscience simultanée de mes deux hémisphères, je peux être à la fois :
- partie intégrante d'un tout énergétique, sans séparation d'avec mon environnement, (je suis le prolongement  de ce qui m'entoure et réciproquement, les molécules se fondent dans un dégradé) et 
- un individu délimité, séparé du reste, classifié en fonction de critères, les miens et ceux de la société au sein de laquelle je vis. 
Je puis donc, si j'utilise mes deux hémisphères, à la fois vivre une expérience somatique, énergétique et multisensorielle et élaborer un discours, faire un calcul, planifier ma semaine. Je peux à la fois "compter la musique" et la sentir la douceur du parquet sous mes pieds. Je peux  analyser une situation et simultanément être consciente des battements de mon coeur...Cela élargit considérablement le champ de possibles. 
J'ai remarqué que, la plupart du temps, chez les personnes avec lesquelles je travaille, il y a une prédisposition à être plutôt sur un mode ou sur un autre et qu'il est parfois difficile de mobiliser les deux à la fois. Cela demande de la pratique. Être à la fois dehors et dedans, global et spécifique, relié et distinct, sensoriel et clair dans son discours etc...  Certains y arrivent assez vite, pour d'autres c'est plus difficile...
C'est comme si l'on pouvait soi-même, à force de pratique, établir ou ré-établir des ponts disparus entre ces mondes, générer de nouvelles connections neuronales. Plus on est conscient de cette double relation à soi-même et au monde, plus elle se développe. Je ressens cela depuis quelques années. La société dans laquelle nous vivons et les modes d'apprentissage notamment de l'éducation nationale valorisent, il me semble, ce qui se relie à l'hémisphère gauche (discours, analyse, organisation du savoir, hiérarchie, etc...) En choisissant d'orienter une partie importante de mon travail (le coeur de ma pratique) sur des explorations somatiques, des investigations de textures (plastiques/sonores/corporelles), des incursions trans-disciplinaires où se mélangent les langages et les cases, j'ai le sentiment de participer à une contre-culture, non pas par esprit révolutionnaire, mais par nécessité, pour ne pas couler, pour aider à rétablir l'équilibre et la fraternité, si tant est que ce mot veuille encore dire quelque chose qui ne soit pas catalogué immédiatement. L'idéal serait pour moi de développer un accès libre au support combiné des hémisphères, d'augmenter leurs possibilités de synergie. Une lecture à plusieurs dimensions qui élargit notre expérience et nos perspectives, pour en finir avec cette idée réductrice d'une dichotomie corps esprit. Quelque chose comme ça...


1 commentaire:

  1. J’ai besoin, lorsque j’aborde un domaine artistique, de solliciter mon côté rationnel.
    Dans un premier temps, j’essaye de comprendre et de m’exercer : ce que j’appelle le travail.
    Et une fois que j’ai assez bien assimilé les choses, je me permets de faire d’avantage appelle à mon hémisphère des sensations : ce que j’appelle le don.
    « Pour parvenir à coupler mes deux hémisphères dans une synergie, à force de pratique, j’arriverai peut-être à être doué. »

    Je pense Nadia, que la combinaison des deux hémisphères est plus facilement réalisée dans la danse. En tout cas, tu touches à ça lorsque tu mets en scène « Evening flowers », mélange de sensations et de rationnel par le biais de textes.

    Tes recherches et ton travail sont très intéressants.
    Et c’est tellement toi, Nadia, l’artiste contemporain.

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