Depuis que je me suis mise à sauter, puis à marcher, quelque chose dans mon rapport au monde se modifie sensiblement.
Tout a commencé fin décembre sur une proposition de Emio Greco, qui lors d'une masterclasse nous à engagés quotidiennement à sauter. Sauter, rebondir littéralement pendant d'interminables minutes. ça a duré 5 jours. Au début, j'ai cru que je ne tiendrais pas. Les minutes s'écoulaient et l'on secouait le corps, lâchait les omoplates et les jambes, pour être "régénérés" ou quelque chose d'approchant, "lavés de l'intérieur". Il semblait ne pas avoir de clause de fin de jeu. c'était "on achève bien les chevaux". Je me disais que d'ici quelques secondes il faudrait que je m'arrête. Mais personne ne s'arrêtait et je tenais quelques secondes de plus, et puis finalement toute la période. ça durait quoi, 15 minutes? 30 minutes? Impossible à dire. Un temps impossible.
À la pause je m'effondrais et j'essayais de respirer doucement pour me rassembler, récupérer. Je n'arrivais plus à marcher. je me suis dit : "plus jamais".
Et puis 20 jours après j'ai recommencé, en musique, chez moi. 1/2 heure chaque jour. Il fallait dépasser une barrière, une résistance mentale, quelque chose en moi qui se refusait à être bousculé. Je mettais des tubes des années 70 et 80 et je sautais, je dansais. Quand je n'en pouvais plus je ralentissais, puis l'énergie remontait. Les jours où je ne sautais pas je marchais, jusqu'à marcher parfois 2h. Je me levais plus tôt je casais des sauts et des marches dans les interstices. Je faisais sauter mes élèves 10 minutes au début de chaque atelier. Épuisant et festif!
Au fil des semaines, je laisse mon scooter de plus en plus souvent et j'arpente Paris.
Je ne réfléchis pas de la même façon lorsque je marche. La locomotion du corps ouvre quelque chose dans l'agencement de ma pensée. Elle s'étend, s'allège et s'approfondit à la fois. Je croyais que j'étais en mouvement (danse, yoga, improvisation, performance, mes 20 heures de cours hebdomadaires...) et bien, je me découvre émergeant d'une fixité insoupçonnée. la place que j'occupe par habitude engendre certaines stagnations et ceci change en marchant. Quelque chose glisse et s'allège. Il y a un nouveau mouvement dans l'articulation sacro-illiaque, une libération sensible de ma mâchoire, une chaleur dans ma colonne vertébrale, de la joie... Les paumes de mes mains s'ouvrent, mes pensées se décantent. Je me retrouve alors que je ne savais pas m'être perdue.
Monochrome Rose
jeudi 12 mars 2009
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La vidéo met beaucoup de temps à se charger, peut-être peux-tu améliorer cela. En tout cas ces textes sont géniaux.
RépondreSupprimerTu es une des artistes en lesquelles je crois le plus.
Je vais faire de mon mieux pour le cours, parce que je crois que quelque chose va arriver.
A vendredi, bises
Cyril
Bonjour Nadia,
RépondreSupprimerbienvenüe au monde des bloguistes!
La marche avance avec le monde dans le dos et
nous dépassons nos peurs.
Derrière c'est déjà devant, les alentours...l'espace, on sent tout et on peut de tout s'absenter en restant vivants, très là.
Le bleu Klein est le bleu mien, je l'ai décidé.
Avant, maintenant, pour les sens.
Je ne suis pas Wharol, mais très bien.
Je préfère ce qui se passait en art -performatif en Pologne à l'époque, plus théâtrale, moins branleur conceptuel.
Mais c'était Ny, et il faut y être, passer du temps, y vivre, tenter le non-centre...ah, là, tu comprends tout ça.
Obligatoire un passage par là-bas!
PLus qu'un passage , une durée et j'y ai beaucoup marché.
Les sauts, mais c'est comme tu dis, exact.
Tente d'y rajouter le derviche, ne tombe pas, jamais, ralentit pour stopper...
oui, je ne vois pas grand chose pour la vidéo, mon ordi bloque toujousr avec les vidéos.
Je regarderai chez des amis.
Passe chez-moi, les blogues:
autre-cas
Lmartinezdansetheatrecie
cartasdeamordepedroeinez
T'inquiète...ils sont tous bilingue...
Bravo pour cette page, très bon démarrage,
il te ressemble,
sensible et enthousiaste.
Je t'embrasse bien fort!
LM
lidia
Cyril si tu fais de ton mieux, c'est sûr, oui quelque chose va arriver!
RépondreSupprimerLidia, je vais essayer de tourner maintenant alors... oui, dépassons nos peurs. tu dis que le bleu Klein est à toi, ça m'a fait sourire car un jour j'ai décrété que le rose était à moi... Pink is mine.
Je ne sais pas ce qui se passe avec les vidéos... elles sont légères pourtant, et chez moi ça marche... mystère des aléas techniques...
Eh oui, je sais elles sont légères, mais j'ai un programme 98 Word ...et je les regarderai chez une amie qui a TOUt comm'il faut et qui fait des filmes aussi, comme ça on regarde ensemble ton travail.
RépondreSupprimerSuper avancée sur un chemin,
celui de la recherche et du plaisir.
Yes, pink is yours, even the first monochrome!
je t'embrasse,
LM
Pour ma part, je vais m'approprier le BLEU...
RépondreSupprimerDavid